Samedi 30 Avril 2011: Tongariro Northern Circuit 2nde = Mt Doom m'a tué ainsi qu'une de mes chaussure

6h30 le réveil sonne et les couleurs dehors sont juste magnifique, du coup je me lève en trombe et sors le premier du refuge pour aller prendre quelques photos du magnifique levé du soleil dans la vallée. 




Au final la session photo durera une bonne 20aine de minutes car il ne fait vraiment pas froid ce matin ce qui annonce une magnifique journée et c'est tant mieux.

Gros petit-déjeuner et 8h nous entamons notre grosse journée. Au programme retour au Whakakapa Village (notre point de départ) en passant par les Emerald Lakes puis par le sommet du Ngauruhoe (Mt Doom dans le Seigneur des Anneaux).

La première partie de la journée entre le refuge et les Emerald Lakes, se trouve dans de vastes plaines désertiques parsemées de pierres volcaniques (ce lieux a d'ailleurs de nouveau servi au tournage du Seigneur des anneaux et est connu comme les Plaines du Mordor). L'endroit est surnaturel et on en prend déjà plein la gueule alors que ça fait tout juste 1h que nous marchons. 





Le problème c'est que pour passer de la plaine aux Emerald Lakes, il va falloir grimper. Et pour grimper ça grimpe sévère. On transpire bien et une fois au sommet le vent est comme prévu bien présent et nous oblige à nous couvrir rapidement. Il est tellement puissant que la prise de photo en est rendu délicate, mais l'endroit et tellement exceptionnel que même en bougeant un peu, le rendu reste superbe.





Après les Emerald Lakes, ça grimpe encore et toujours pour rejoindre le Red Crater qui est le point le plus haut du Tongariro Crossing. Le vent est de plus en plus puissant et la montée de quelques centaines de mètres jusqu'à ce point est un véritable chemin de croix, car le vent souffle de 3/4 face et les puissantes rafales nous déséquilibre pas mal et sachant que le sol est super meuble, on avance de 2 pas et reculons d'un. Nous arrivons enfin au Red Crater, mais ça souffle tellement qu'on ne s'éternise pas et profitons très peu du panorama exceptionnel. C'est bien dommage car il n'y a pas grand monde (mais on voit arriver une longue file de plusieurs dizaines de personnes).


On redescend maintenant vers le South Crater qui est un peu plus protégé ce qui fait du bien car on vient de manger de la poussière (au point où ça croustille dans la bouche) pendant plus de 30minutes. 


Après la traversée de cette plaine, nous arrivons au pied du Ngauruhoe où on se pose quelques minutes pour grignoter, boire un coup et de mon côté me faire un pansement car je me suis cassé la gueule 3 fois dans la descente et ma main gauche n'a pas trop apprécié (mes chaussures ne me font plus d'ampoules mais je regrette de + en + cet achat car la semelle est pourrie et dès que ça glisse un peu je pars en dérapage).
Le vent souffle toujours autant et ce sera pire au sommet mais on a vraiment envie de monter au sommet sachant que pas mal de personnes moins équipés et moins expérimentés que nous la tente aussi. La première partie n'est pas trop difficile sachant que nous grimpons dans les pierriers, mais au fur et à mesure que l'on avance ça se complique car les pierriers se transforme en sol meuble qui se dérobe sous nos pieds à chaque pas. Non seulement le sol est meuble, ça grimpe sévère (certainement plus de 25°) et le vent n'aide pas à notre avancée.
Après une heure d'effort intense et à peine à plus de la moitié je suis au bord de l'abandon. Je persiste jusqu'au moment où j'en peux vraiment plus de ramper pour éviter de me faire emporter par le vent. Je dis à Philippe de continuer sans moi. Je me repose un peu et repars malgré tout car vous me connaissez je n'aime pas abandonner ce que j'entreprends. Je retrouve quelques forces mais au bout de 15minutes c'est au dessus de mes forces. Mon sac à dos (certainement pas loin de 15kgs) est trop lourd et surtout trop gros et offre une grosse prise au vent. En voyant des gamines grimper et même un mec en béquille (3 explications traversent alors mon esprit à cet instant soit ce type est un surhomme, soit il est complètement taré soit je suis une vraie tapette. Je pense qu'il y a un peu des 3) je me dis que je peux le faire aussi. Je décide alors de rejoindre un pierrier un peu plus bas pour y poser mon sac à l'abri du vent. Pour le mettre vraiment à l'abri, j'essai de l'entourer des plus grosses pierres que je trouve aux alentours mais en les posant simplement ça ne fonctionnent pas car elles dévalent la pente. J'essai donc de les planter mais le soucis est que j'oublie d'enlever mon majeur droit et je l'explose en le coinçant entre la pierre et le sol. Heureusement je porte ma petite paire de gants mais je souffre la martyre. ça en est trop je redescend. Même la descente est un calvaire car le vent soufflant par rafales de plus en plus puissantes me déporte plusieurs fois de plusieurs mètres.


J'arrive enfin au pied après presque 2heure d'efforts. Je suis exténué physiquement et nerveusement car il faut être hyper concentré et vigilant pour négocier ce genre d'ascension et de descente. J'enlève mon gant pour voir mon doigt et l'ongle est passé de blanc à bleu ainsi que la dernière phalange qui a pris la couleur des Shtroumphs. C'est vraiment pas très beau à voir surtout qu'il commence déjà à pas mal enfler. Je pense qu'il ne s'agit pas simplement d'un coup et pense me l'être fracturé tellement je souffre.

Non seulement je suis hyper déçu de ne pas avoir atteint mon objectif mais j'ai en plus explosé une de mes chaussures (une couture a pété et la semelle en a pris pour son grade), un doigt et certainement aussi mes lunettes qui ont pris tellement de particules de sable et de poussière que les verres sont complètement rayés. Ca peut vous paraître fou mais j'ai promis à ce foutu Mt Doom que je reviendrai et que la prochaine fois je ne manquerai pas à atteindre le sommet.

J'attends au pied une 20aine de minutes le temps de me remettre de mes émotions et ne voyant pas arriver Philippe et en ayant assez d'être en plein vent, je continue la descente vers la vallée où j'espère ça soufflera moins. Je m'arrête plusieurs fois en chemin pour voir où en est Philippe et je le vois enfin. Je l'attends et on rejoint la vallée où il fait bien meilleur. Lui aussi est mort et n'a jamais eu aussi peur mais lui a réussi à atteindre la sommet et donc le cratère gelé. Il me réconforte comme il peut en me disant que je n'ai pas raté grand chose mis à part le cratère mais ça n'atténue pas mon sentiment de frustration.
On récupère quelques forces en mangeant un bout et ne tardons pas à repartir car il est déjà 14h et nous avons encore 4heures de marche qui nous attendent. Ca s'annonce interminable.

On s'arrête vite fait au refuge de Mangatepopo remplir nos gourdes et en revenant sur le chemin nous croisons 4 jeunes. Je leur demande où ils sont garés et où ils vont. Ils sont garés sur la parking à 25minutes de là et par chance vont à Whakapapa où se trouve Big Daddy. Je leur demande donc si ils ont la place pour 2 pauvres types complètement morts et là l'un d'eux me répond "Oui pas de soucis" en français. MERCI les gars.
Sur la redescende on leur raconte donc nos péripéties et eux aussi ont tenté l'ascension du Mt Doom mais ont très vite abandonné à cause du vent.
Grâce à eux, on économise 3heures de marche et surtout nos dernières forces.

Ils nous déposent donc au parking où nous attend gentiment Big Daddy et nous invitent à aller boire une bière avec eux au pub, mais nous refusons car la seule chose à laquelle on pense est une bonne douche chaude. On se dirige vers le camping, payons nos 38$ (c'est hors de prix mais bon il nous la faut la douche) et allons nous poser sur notre emplacement. La douche va s'éterniser et ne sera pas une partie de plaisir pour moi car mon doigt est énorme et juste les gouttes d'eau qui le frappe me font souffrir.
Après la douche, on se pose dans la cuisine pour recharger nos batteries et traiter les photos. On rencontre un couple de français (Rémi et Marie) et le monde est vraiment petit car on connait Marie car on l'avait déjà rencontré sur Auckland. En effet, elle bossait sur un énorme voilier qui était amarré juste en face de mon resto (Euro). Elle ne nous avait pas reconnu avec nos barbes et nous non plus au départ mais c'est quand elle a annoncé ses expériences sur le voilier que nous avons fait le rapprochement.
On prend notre repas ensemble autour de vin et de bières. Tout se passe pour le mieux jusqu'au moment où mon doigt me lance tellement que je suis obligé d'appeler le 111 qui correspond aux urgences. 10minutes plus tard, les premiers secours (des volontaires vivant dans les environs) sont déjà là et me donnent des anti-douleurs et me font une attelle temporaire à l'aide d'un stylo. Ils me proposent d'aller à l'hôpital aller faire une radio. Je leur demande si ça vaut le coup d'y aller maintenant sachant qu'il est 22h où si ce sera pareil d'attendre demain matin. Ils me disent que bien sûr il ne me feront pas la radio avant demain du coup je préfère passer la nuit ici (même si je pense que je ne vais pas beaucoup dormir) et rejoindre l'hôpital de Taupo où nous sommes censés nous arrêter demain.

23h30, on pars donc se coucher et je pense que la nuit va être bien longue car leurs anti-douleurs ne sont d'absolument aucune aide et je souffre toujours autant le martyre.

1 commentaire:

  1. hè ben j'ai eu quand meme le sourire aux levres j'te l'avoue en lisant ,mais je te plaint il n'y a rien de pire que les extremitès je te crois tu as du souffrir le marthyre ,tu m'as dit hier que les randos c fini hè ben tant mieux.j'espere que la douleur passe un peu, bon courage a vous deux prenez bien soin de vous bisous LOVE LOVE

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